"La nature est un temple sacré où de vivants piliers laissent parfois sortir de confuses paroles" (C. Baudelaire)

Sasha a deux grandes passions dans la vie. La lecture, et la nature. Deux choix peut-être pas si judicieux, dans ce nouveau monde.
Elle lit tout ce qu'elle peut trouver, tous les livres qu'elle déniche, les recueils de poème oubliés dans une bibliothèque, les légendes nordiques déchiffrées dans un vieil ouvrage déchiré, ou les romans écrits par les artistes de la ville. Peu importe, tant qu'elle trouve le moyen d'échapper un temps à la réalité.
La nature, elle l'observe avec amour, elle rêve de la voir de plus près, mieux, plus longtemps. Elle pourrait se perdre dans la contemplation d'une feuille d'arbre. Dans un monde où la nature est devenu l'ennemi le plus craint, elle en est comme tombée amoureuse, rageant de ne pas pouvoir passer plus de temps à l'extérieur des murailles.
Un ennemi certes, dangereux, mais si envoûtant, si attirant ! Les traités scientifiques, les ouvrages illustrés, peuvent la retenir des heures durant.
Ainsi on aurait pu croire que la jeune fille se serait orientée vers la branche scientifique - mais c'est vers les gardiens qu'elle s'est tourné. Patrouiller sur la muraille ; n'est-ce pas un moyen de jeter un coup d'oeil de l'autre côté ? Aller chercher les matières premières, s'aventurer au-dehors ; n'est-ce pas une occasion inespérée d'observer la Nature de plus près ?

Outre ces deux passions-là, Sasha est une jeune fille ordinaire. Elle aime observer les jeunes hommes séduisants - ou pourquoi pas les filles charmantes, de temps en temps... Elle est assez ouverte, aime se faire des amis ou rencontrer des gens, sortir boire un verre dans un bar, discuter et rigoler même avec de parfaits inconnus.
Elle ne se met que rarement en colère, et lorsque c'est le cas tente de le masquer le plus possible. Le premier mur qui croisera sa route sera l'unique personne témoin de cette rage - et ses phalanges en garderont quelques semaines les séquelles. Mais en général, elle parvient à faire preuve d'un certain contrôle de soi, évitant de crier ou d'insulter à tout va.
Elle ne s'est jamais vraiment intéressé au système, aux alternatives qu'il pourrait y avoir : pour elle, tout est bien comme cela est actuellement, il n'y a pas de raisons d'en changer.

Dans un autre monde, Sasha aurait peut-être pu être altruiste, dévouée aux autres. Elle n'hésite pas à donner un coup de main à la vieille dame de l'appartement d'en face, et son travail prouve bien qu'elle veut aider la ville. Mais dans un monde où tout est partagé, où tout le monde a ce dont il a besoin, elle n'a pas l'occasion de donner une pièce à un mendiant, ou un ticket restaurant à la famille affamée qui quémande du regard.

S'il y a bien une qualité que Sasha ne possède pas et ne possèdera jamais, c'est la patience. Lorsqu'elle attend pour quelque chose, il vaut mieux que la chose en question arrive vite ; ou bien la jeune fille trépignera sur place, tentant de masquer cette impatience pour éviter de passer pour une enfant capricieuse.
Cette impatience s'accompagne en outre d'une certaine difficulté à se concentrer : il lui arrive de ne pas écouter ce qu'on lui dit, ou de décrocher lorsque quelqu'un parle trop longtemps. Elle se met alors à rêvasser, revivant par l'esprit des expéditions en pleine nature, ou les aventures de ses héros littéraires préférés.
C'est une grande enfant Sasha, pas encore totalement entrée dans l'âge adulte, une adulescente comme les psys aimaient dire avant la catastrophe, qui a du mal à trouver des repères dans cet environnement urbain qui lui déplaît, mais qui parvient la plupart du temps à y être heureuse.
   

Sasha est une jeune fille assez banale, qui ne retiendra pas l'attention des gens dont elle croise la route. Personne ne se retourne sur son passage, personne ne perdra son temps à la reluquer de haut en bas dans le tramway. Elle n'est pas moche, elle est même assez jolie, et on peut lui trouver un charme certain ; mais elle n'est pas non plus exceptionnelle.
D'une taille que l'on peut qualifier de normale - ou de petite face aux nouvelles normes posées par la nature, mais comme tous les êtres humains dans ce cas... - elle est assez mince. C'est de toute manière le cas de la plupart des résidents de cet endroit ; difficile d'être gros avec le rationnement. De plus, la caste qu'elle a choisi lui interdit tout surplus de poids ou manque de condition physique.
Sa pratique régulière du sport - arts martiaux notamment - se remarque sur ses muscles fins, mais son obsession pour la course à pieds l'assèche de manière radicale, ce qui pourrait presque la faire paraître frêle. Son entrainement assidu la rend malgré tout largement capable d'effectuer son travail.
Sasha a les cheveux clairs, oscillant entre le blond et le châtain, se teintant parfois de reflets roux après un été où ils auront passé trop de temps sous le soleil. Après les avoir gardé longs durant des années, elle a finalement décidé de les couper ; et les mèches les plus longues atteignent difficilement ses épaules. Ils ont tendance à échapper à toutes les lois de la coiffure, refusant de rester en place, retombant sur son front ou ses yeux, mais elle a cessé d'y prêter attention.
Ses yeux, eux aussi clairs, ne semblent pas capables de prendre une décision : bleu, vert, gris ? La dernière proposition semble la plus fiable, mais le temps, la luminosité, peuvent être des facteurs fourbes et vicieux, qui viendront changer la perception qu'un étranger aura de l'iris de la demoiselle.
La jeune fille a le teint légèrement halé par le temps qu'elle passe à l'extérieur, sans toutefois être réellement mate de peau.
Niveau vestimentaire, elle ne recherche pas l'originalité, et se pare généralement de couleurs sobres, passe-partout. Les seules entorses à cette banalité sont une ateba colorée dans ses cheveux, effectuée par les bons soins d'une amie, et un pendentif offert par son père, représentant Mjolnir, le marteau de Thor.